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Croatie: le pari électoral risqué des conservateurs

Updated: Mar 24, 2024

Le gouvernement de centre droit a appelé à des élections législatives anticipées dimanche, en espérant capitaliser sur sa gestion de la crise sanitaire. Mais l'opposition est aux aguets et pourrait doucher les attentes des conservateurs.


Dimanche, 3,7 millions d'électeurs croates sont appelés aux urnes pour renouveler leurs représentants au Parlement, le Hrvatski Sabor. Sur fond de crise sanitaire, le gouvernement conservateur souhaite capitaliser sur sa bonne gestion de l'épidémiepour renforcer sa majorité au Parlement. Avec 110 morts pour moins de 3.000 cas de COVID-19 , la Croatie a répondu efficacement à une épidémie peu active. Le Premier ministre Andrej Plenkovic craint que la crise économique qui frappe le pays serve les intérêts de l'opposition.

La Commission européenne anticipe une chute du PIB de 9,1 % en 2020, pour un pays qui connaît traditionnellement des taux de croissance supérieurs à 2,5%. L'arrêt brutal de l'activité dans les grands pays européens et le coup porté au tourisme ont profondément déstabilisé l'économie croate.

Initialement prévues en décembre, les élections ont été convoquées avec six mois d'avance. Le principe d'un scrutin anticipé a été approuvé par près de 90 % des députés, les partis d'opposition espérant eux aussi remporter la mise. La chambre unique du Parlement, où le gouvernement ne détenait pas de majorité absolue, a donc été dissoute le 18 mai.


La présidentielle perdue

« Un nouveau gouvernement doté d'un nouveau mandat sera capable de faire face aux retombées de la crise sans précédent qui a été causée par le coronavirus » a déclaré le Premier ministre sortant Andrej Plenkovic (HDZ) pour mobiliser ses électeurs.

Ces élections constituent un pari risqué pour le parti conservateur. Il y a 6 mois, il avait déjà perdu une élection importante : la présidente sortante Kolinda Grabar-Kitarovic, qu'il soutenait, avait dû céder son fauteuil au candidat de l'opposition social-démocrate (SDP) , Zoran Milanovic, alors qu'elle partait avec une confortable avance dans les sondages. Cette fois encore, la bataille s'annonce serrée: le parti social-démocrate talonne son adversaire conservateur par deux points dans un sondage Politico , mais le devance de 2,6 points dans une enquête de l'institut Promocija +.


Programmes politiques

Leurs programmes électoraux présentent de nombreux points communs qui les rendront difficiles à départager, tels que les promesses d' investissements dans le secteur de la santé, une nouvelle hausse du salaire minimum et une réduction de la TVA. Le HDZ se distingue par des mesures d'aides à la création d'entreprises tandis que le SDP se pose en chantre de la lutte contre la corruption et l'évasion fiscale.

Les chefs de file des partis qui s'affrontent ont chacun leurs points faibles: le Premier ministre sortant est perçu comme un technocrate européen, plus populaire à Bruxelles qu'à Zagreb. Le leader du SDP , Davor Benardic manque d'expérience et il critiqué dans son propre camp, affaiblit sa posture.


Trouble-fête

Un troisième homme pourrait jouer les trouble-fêtes : le parti populiste DPMS, présidé par Miroslav Skoro, un ancien chanteur et musicien qui s'oppose à l'adoption de l'euro et milite pour le retour des émigrés croates dans le pays. A la dernière élection présidentielle, il avait raflé 20 % des voix. Crédité de 13 % des intentions de vote cette fois, le nouveau parti pourrait jouer le rôle d'arbitre pour composer une future majorité. L'alliance est pour l'heure rejetée par le HDZ et paraît improbable pour les sociaux-démocrates. La formation d'un gouvernement pourrait donc prendre du temps.


Article publié dans Les Échos, en web.

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