top of page

Il fige les émotions sur papier glacé

Updated: Jun 23, 2018

Jacques Dieppedalle mêle photos et psychologie, de part l’expérience vécue en studio avec ses modèles.

 

Jacques Dieppedalle réalise habituellement des portraits dans son studio ou des photos de mariage. Photographe : Tristan Relet-Werkmeister

Installé depuis 2 ans dans son studio à Reims, le photographe Jacques Dieppedalle transforme son premier essai en tant qu’auteur, avec la série Spectres. Né de parents photographes, il précise avoir été formé à l’ancienne, et veut conserver la magie de la photo argentique avec ses outils modernes. Le vernissage de cette exposition exclusive a eu lieu hier, en petit comité.

La série est composée de 20 photos (une par modèle) qui s’apparentent à des expériences. En effet, le photographe a « reçu 20 personnes, toutes marquées par un événement qui a chamboulé leur vie. » Jacques Dieppedalle les a contactées sur les réseaux sociaux, toutes étaient bénévoles. Il

s’est ensuite entretenu avec chacune d’elles pendant 30 minutes environ, a mis la musique identique à celle du moment de l’événement marquant : « Je les replongeais dans leur état émotionnel passé. » Enfin, le shooting photo durait 3 minutes, pas plus : « C’était rapide mais intense. » Le but du photographe de 35 ans était d’obtenir un « rendu puissant, des émotions très fortes pour sortir des banalités, et qu’on aperçoive le parcours du modèle. Pour chaque photo, je n’ai pas été impudique, je n’ai pas demandé aux modèles ce qui leur était arrivé. Et je leur ai laissé choisir le titre de leur propre photo. » En regardant la photo intitulée « Ne jamais abandonner », le photographe est très ému : « Rien que d’en parler, j’ai des frissons. La séance que j’ai vécue avec cette femme a été d’une intensité énorme. Elle s’est prêtée au jeu complètement, ça a été libérateur, ce fut presque thérapeutique. » Avec chacun des modèles, il affirme avoir « frôlé la psycho-photographie », avoir « mêlé deux mondes. » L’auteur explique avoir utilisé la technique de surimpression en studio. Il devait se « plonger dans le noir une et scénariser l’histoire du modèle avec différents personnages. » Conséquemment, sur une même image, « on voit le modèle plusieurs fois. » Techniquement, « l’appareil photo est ouvert de 5 à 13 secondes, et j’envoie des coups de flash pour figer chacun des personnages. » Il insiste sur le fait que « ce n’est pas du montage Photoshop ou une simple superposition de photos, c’est un vrai travail de photographe. Je n’ai fait que retoucher la luminosité. » Pour sa première exposition, l’artiste voulait « figer des émotions en image. » Il explique que c’était une « démarche artistique et des amis m’ont motivé pour exposer cette série. » Jacques Dieppedalle s’est limité à une série de 20 photos parce que cela « représente déjà beaucoup de travail et de fatigue, surtout émotionnelle. » Il a aussi réalisé un court-métrage pour que chaque modèle témoigne de l’expérience Spectres.


EXPOSITION SUR INVITATION

Cette exposition, « a été appréciée par Veuve Clicquot, qui a choisi le projet. » À ce titre, l’exposition n’est pas ouverte au grand public et sera réservée tout l’été aux différentes réceptions au sein du domaine (colloques, séminaires et réceptions privées). L’auteur est cependant à la recherche d’un autre lieu d’exposition, à partir de la rentrée, pour « faire vivre » son travail et le partager avec le plus grand nombre. « En fonction du succès de cette série, je pourrais éventuellement en réaliser une seconde », précise l’artiste, pour le moins prometteur.


Article publié dans l'Union en print.

Comments


Commenting has been turned off.
bottom of page