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La légalisation du don de sang pour les homosexuels reste «hypocrite» selon l’association Exaequo

Autorisé à nouveau en 2016, le don du sang des homosexuels fait encore l’objet de conditions « discriminantes », rappelle l’association LGBT Exaequo de Reims.

 

Olivier Nostry, Président de l’association LGBT « Exæquo »., considère que la législation en vigueur est « discriminatoire » envers les hommes homosexuels. Photographe : Tristan Relet-Werkmeister

Les conditions pour donner du sang sont nombreuses : les principales sont de peser plus de 50kg, être âgé de 18 à 70 ans, être globalement en bonne santé et ne pas avoir eu plus d’un partenaire sexuel au cours des 4 derniers mois. Depuis les années 1980, le droit du don du sang des hommes homosexuels ne cesse de faire débat. Les femmes homosexuelles ne sont pas concernées par une contre-indication et peuvent donner leur sang. Pour les hommes, « c’est un sujet complexe, tout comme la PMA », admet Olivier Nostry, président de l’association Exæquo, qui défend les droits LGBT.


1 - PRECAUTION

En 1983, le VIH commençait à faire rage. Par mesure de précaution, une circulaire avait été publiée la même année pour interdire le don du sang des « personnes homosexuelles ou bissexuelles. » Ce texte restera en vigueur jusqu’en 2015. Depuis 2016, l’interdiction systématique du don des homosexuels a été levée. Ce sujet divise aussi dans d’autres pays : en Italie, la période d’abstinence est de 4 mois, 6 mois en Espagne et 5 ans au Canada.


2 - SOUS CONDITION

Réforme progressiste promise en 2012 par François Hollande, l’autorisation du droit du don du sang aux homosexuels impose une condition stricte : l’abstinence de relations entre hommes au cours des 12 derniers mois. « Il faut certes trouver un compromis. La période d’abstinence actuelle d’un an est hypocrite : qui va préférer le don du sang à sa vie sexuelle ? Cette condition n’existe pas pour les hétérosexuels. »


3 - RISQUE SUPERIEUR

Au sujet du risque de contamination accru des homosexuels, M. Nostry affirme : « Oui, il y a une séroprévalence plus élevée parmi la population gay que parmi la population générale. » En 2009, Roselyne Bachelot justifiait le maintien de l’interdiction du don en expliquant qu’« entre 10 et 18% des gays sont contaminés, alors que ce pourcentage est de 0,2% pour les hétérosexuels », sachant que le risque de contamination du receveur par une poche de sang contaminée au VIH est de 100 %. Il faut cependant savoir que toutes les poches sont analysées contre le VIH, mais que celui-ci peut être indétectable jusqu’à 20 jours après contamination du donneur. « C’est discriminatoire d’exclure les gays de manière générale » assure Olivier Nostry. Il fustige les études scientifiques réalisées sur ce sujet  :  « Ce ne sont que des études statistiques, réalisées à l’aveugle. Il y a beaucoup d’inconnues : on ne connaît pas précisément la proportion de la population homosexuelle parmi la population générale, par exemple. »


4 - CONFIANCE

Comme le rappelle le président de l’association, « le don est basé sur une relation de confiance : les hommes gays qui pensent ne pas prendre de risque dans leur vie sexuelle peuvent très bien aller donner, soit en se présentant comme hétérosexuel soit homosexuel n’ayant pas eu de relations sexuelles au cours de l’année passée. »


5 - QUESTIONNEMENT

Le président d’Exæquo souhaite un « questionnement sur les pratiques sexuelles des homosexuels comme des hétérosexuels. » Cela permettrait d’éviter la situation inégale actuelle, où « certains donneurs hétérosexuels peuvent avoir une sexualité totalement débridée, sans qu’on leur pose de trop de questions, alors que dès que cette personne a eu une relation avec un homme, l’exclusion est automatique. »


En fonction des conclusions des études menées sur l’expérimentation de la levée de l’interdiction totale, la période d’abstinence pourrait être réduite (à 20 jours par exemple) ou supprimée. Si cette dernière option est adoptée, elle permettrait de recevoir 37 000 dons supplémentaires par an, selon une estimation de la direction générale de la santé.


Article publié dans l'Union, en print et web.

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