top of page

Lever de rideau pour la présidence allemande de l'Union européenne

Updated: Mar 24, 2024

La présidence allemande du conseil de l'Union européenne a débuté ce mercredi sur fond de crises sanitaire, économique et sociale. Un débat à l'ambassade d'Allemagne a permis d'en mesurer les enjeux.


Réunis à l'ambassade d'Allemagne à Paris, Nikolaus Meyer-Landrut, ambassadeur d'Allemagne à Paris, Agnès Bénassy-Quéré, chef économiste au Trésor et Baudouin Baudru, représentant de la Commission européenne en France, ont débattu mercredi, premier jour de la présidence allemande du Conseil de l'Union européenne, sur les enjeux d'un mandat qui a créé de très fortes attentes . Sans nier l'importance cruciale des nombreux chantiers que l'Allemagne devra mener à bien, Nikolaus Meyer-Landrut a insisté sur le fait que c'est avec la Commission et les autres Etats membres que l'Europe construira son avenir. « Cette pandémie a montré l'importance d'une action commune et coordonnée » a-t-il commenté.


Le budget pluriannuel et le fonds de relance

L'urgence est au bouclage du budget pluriannuel 2021-2027 d'ici la fin de l'année. Sous l'impulsion de l'Allemagne et de la France, la Commission y a adossé un fonds de relance de 750 milliards d'euros. «La communauté des économistes est rassurée de voir l'Allemagne prendre le leadership », a dit Agnès Bénassy-Quéré.

L'ambassadeur a cherché à rassurer quant aux conditions d'utilisation de ces fonds : « On ne parle pas de plans, avec une tutelle et une troïka, tels qu'on les avait connus lors de la crise de la zone euro » au début des années 2010. Mais il s'agira quand même de garantir l'usage optimal de cet argent. « Il faut qu'on puisse expliquer au contribuable français, allemand, italien, que tout cet argent a été utilement dépensé », a dit l'ambassadeur. Une section du projet de budget est spécifiquement dédiée aux leçons tirées de la crise, a précisé Baudouin Baudru, et prévoit par exemple d'allouer 9,4 milliards d'euros à un nouveau programme baptisé « EU4Health ». Une multiplication par dix du montant d'avant Covid-19.


Double peine

Les négociations sur le cadre financier pluriannuel s'annoncent très difficiles. La sortie définitive du Royaume-Uni entraîne un manque à gagner de plus de 10 milliards d'euros correspondant à sa contribution budgétaire. Par conséquent, les pays contributeurs nets au budget européen ont le sentiment de subir une double peine : ils doivent accroître leur contribution au budget pour pouvoir maintenir un niveau élevé d'ambition ; Et accepter le fonds de relance de 750 milliards d'euros qui via des transferts budgétaires, sera en grande partie redirigée vers les pays européens et les secteurs les plus touchés par la crise du coronavirus. Les pays du nord, Autriche, Danemark, Pays-Bas et Suède vont chercher à limiter leur effort budgétaire et exiger le plus de contreparties possible des pays bénéficiaires, en réclamant un programme de réformes.


Limiter les dérapages

L'ambassadeur d'Allemagne a souligné que les dérapages de déficits publics et de dette devraient être circonscrits dans le temps. « Ce n'est pas une politique punitive que de revenir peu à peu aux limites prévues par les traités, c'est un élément de politique préventive, il faut que nos pays soient prêts à affronter la prochaine crise » a-t-il expliqué. Ces réductions de dettes publiques ne doivent pas être compensées par une hausse des impôts, a exhorté Agnès Bénassy-Quéré car celle-ci compromettrait le retour de la croissance économique. Une coordination fiscale à l'échelle européenne, pour limiter l'évasion fiscale intra-UE, est à privilégier.

Quant à la perspective d'une seconde vague de l'épidémie, Baudouin Baudru a estimé que l'UE sera plus réactive, reconnaissant une réponse initiale « chaotique » et « improvisée ». Nikolaus Meyer-Landrut a assuré lui que si le virus frappait à nouveau, la réponse serait mieux coordonnée et que les frontières intérieures de Schengen ne se refermeraient pas.


Article publié dans Les Échos, en web.

Recent Posts

See All

Comentários


bottom of page