Connu à Bruxelles comme le meneur officieux des « quatre frugaux », le Premier ministre néerlandais a freiné les négociations du plan de relance européen.

A La Haye comme à Bruxelles, Mark Rutte est radin. En plein sommet européen, c'est sa fronde contre le plan de relance franco-allemand qui a bloqué les négociations. Son inflexibilité s'explique par la désapprobation de la mutualisation de la dette par 52 % des Néerlandais, ainsi que la campagne pour les prochaines élections qui se profile. Au Conseil européen, le célibataire endurci a prôné la rigueur budgétaire au nom des pays « frugaux » (les Pays-Bas, l'Autriche, le Danemark et la Suède) en tapant du poing sur la table.
Aux Pays-Bas, son style est tout l'inverse. Le Premier ministre néerlandais y cultive sa culture du compromis en formant des gouvernements de coalition dans un paysage politique fragmenté. Fidèle à sa ligne politique, il met en place une politique migratoire très stricte, baisse les salaires des infirmiers et enseignants et reporte l'âge de départ à la retraite.
Dans le privé, il est adepte du minimalisme ou radin par déformation professionnelle. Il habite encore l'appartement qu'il a acheté après ses études, passe des appels depuis son vieux Nokia à touches et conduit une Saab d'occasion lorsqu'il ne se déplace pas à vélo. Il défend des valeurs traditionnelles avec jovialité et intransigeance. Sur le plan international, son franc-parler détonne : en 2018, à Washington, lorsque Donald Trump affirmait que l'absence d'accord commercial avec l'UE serait « positive », Mark Rutte rétorquait : « Non, ce ne serait pas positif du tout. »
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