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Rentrée des classes : une épreuve particulièrement délicate pour Boris Johnson

Updated: Mar 24, 2024

Le Premier ministre britannique a lancé une opération de communication pour rassurer parents, élèves et enseignants. Mais les nombreux faux-pas commis depuis le début du confinement et les failles des consignes de rentrée compliquent son équation.


D'une « importance vitale ». Boris Johnson a ainsi qualifié la nécessité du retour à l'école des élèves britanniques, la nouvelle épreuve qui lui incombe après une gestion de crise sanitaire désastreuse. Le Royaume-Uni, pays qui comptabilise le plus de morts du coronavirus en Europe, se prépare à une rentrée des classes inédite. Le chef des conservateurs a assuré que le risque de contraction du virus était « très petit » dans les écoles d'Angleterre, d'Irlande du Nord et du pays de Galles. Les élèves écossais sont déjà de retour sur les bancs de l'école, suivant leur propre politique sanitaire. Les cours ont repris lundi en Irlande du Nord et la rentrée s'effectuera en septembre en Angleterre et au Pays de Galles.


Dans un communiqué joint , les quatre chefs médicaux du pays ont souhaité rassurer les parents sur les mesures mises en oeuvre pour assurer à la fois de bonnes conditions d'enseignement et de procédures sanitaires strictes. « Il est beaucoup plus dommageable pour le développement et la santé d'un enfant […] de ne plus aller à l'école », a affirmé Boris Johnson. Cette décision s'appuie sur un rapport publié dimanche par l'agence de santé anglaise suggérant que les écoliers sont plus exposés au virus chez eux qu'à l'école. Il conclut qu'en Angleterre, « les infections ont été rares dans les établissements d'enseignement au cours du premier mois qui a suivi l'assouplissement du confinement ».


A tel point que les consignes gouvernementales n'imposent le port du masque ni aux élèves, ni aux enseignants. Les syndicats réclament l'obligation pour ces derniers, ainsi que pour les enfants de plus de 11 ans, comme c'est déjà le cas dans la plupart des lieux publics.


Nouvelles règles

Dans un lycée de Manchester, par exemple, les adolescents seront assignés à un petit groupe, une « bulle », pour les activités pédagogiques et les temps de pause, afin de limiter le nombre de contacts. Ils seront tenus de suivre un système de circulation à sens unique au sein de l'établissement et de désinfecter leurs tables et leurs mains. « L'école dégouline de solution hydroalcoolique, ironise Chris Foley, proviseur, interrogé par Bloomberg. Nous prenons toutes les précautions possibles. » Mais les consignes du gouvernement semblent contradictoires : les « bulles » pourraient être aussi grandes qu'une promotion entière - soit près de 200 personnes dans les plus grands lycées britanniques. Aucun contact avec des élèves d'autres promotions ou écoles ne doit avoir lieu. Au sein de la même famille, frères et soeurs feront pourtant partie de « bulles » différentes. Les garderies, elles, accueilleront les enfants sans distinction.

Autre mesure décriée : les élèves présentant des symptômes du Covid-19 seront renvoyés chez eux, ce qui sera difficile en hiver, quand la plupart des enfants attrapent un rhume. Enfin, le gouvernement insiste sur la nécessité que les classes restent dans une même pièce toute la journée, ce qui complique l'enseignement de matières telles que les sciences et les arts, qui disposent généralement de pièces dédiées.


Anciens couacs

Ce plan de rentrée intervient après la cacophonie du confinement sur le plan éducatif. La fermeture des écoles dans tout le pays avait été actée le 23 mars, mais le ministre de l'Education avait annoncé leur réouverture début juin pour tous les élèves de primaires, avant de reconnaître que c'était impossible.

Les élèves n'ayant pas eu d'examens, le gouvernement a opté pour des notes basées sur le contrôle continu. Mais l'algorithme qui a effectué les calculs était défaillant et a systématiquement attribué des notes plus basses qu'attendues. Un scandale politique majeur pour les conservateurs . Le gouvernement a donc dû reculer et accepter que les enseignants attribuent les notes eux-mêmes.D'où l'opération de communication de rentrée menée de première ligne par Boris Johnson, et non son ministre de l'Education, dont beaucoup réclament la démission.


Attentes et appréhensions

Globalement, les enseignants ont à la fois hâte de revoir leurs élèves après de longs mois de séparation, mais restent inquiets quant à la lourde logistique qui gouverne désormais leur métier. « Je suis impatiente de recommencer à enseigner correctement, bien que cela fasse si longtemps que je n'ai pas donné de'vrais'cours à une classe entière, cela me rend un peu anxieuse », confie Emily, enseignante de CE2 dans les environs de Newcastle, en Angleterre. « Je m'inquiète également quant à la manière dont nous allons rattraper le retard des enfants et l'impact que cela aura sur notre emploi du temps et la charge de travail ».

Les écoles sont d'autant plus inquiètes que le gouvernement n'a pas augmenté le budget des écoles pour qu'elles se fournissent en matériel sanitaire. Certains craignent donc qu'il vienne à manquer.


Article publié dans Les Échos, en print et en web.

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