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Une famille roumaine sans toit

Sur le parking de la rue Gilberte-et-Jean-Droit, un vieillissant monospace gris,

sous les arbres, est le seul abri d’une famille roumaine de quatre personnes.

 

Elisabeta, Germanca, Rudi et Loredana-Andreea vivent dans cette voiture depuis quatre mois. Photographe : Tristan Relet-Werkmeister

À côté d’une école maternelle, dans le quartier Croix-Rouge, une famille originaire de Roumanie habite dans une simple voiture. Rudi, le père, Germanca, la mère, ainsi que leur bébé, Loredana-Andreea, sont arrivés en France il y a 4 mois. La grand-mère, Elisabeta, serait arrivée il y a environ 6 ans. Rudi nous a expliqué sa situation.


« J’ai 3 enfants, de 6 ans, 3 ans et 1 an et demi. Je réparais des meubles et des chaises en Roumanie, je partais au travail à 6 heures et revenais à 18 heures. La situation était difficile, je ne gagnais pas beaucoup d’argent, entre 200 et 300 € par mois. Et avec cet argent, je devais payer toutes les factures, notamment l’électricité et l’eau. J’étais le seul à travailler dans ma famille et on avait du mal à vivre convenablement. Mes deux aînés sont restés en Roumanie avec mon père. Je travaille tous les jours à Reims, je signe un contrat le matin et je vais sur les chantiers ».


Selon lui, la situation hygiénique est critique : « Je ne peux pas me doucher, on dort à quatre dans une voiture. Je suis très content parce qu’un voisin est venu nous proposer de venir se doucher chez lui vers 23 heures ce soir. Je pars au travail avec ces vêtements et je dors avec la nuit ».

Il affirme qu’ils sont « venus de Roumanie par autocar, pour trouver du travail et fuir ces conditions difficiles. Nous sommes restés à Reims car ma mère y vivait déjà ».

La famille ne serait pas restée les bras croisés. « Nous avons demandé à des associations de nous aider mais je ne parle pas très bien français, c’est compliqué ».


Un véritable élan de solidarité est né pour venir en aide à la famille : « Le voisinage nous aide beaucoup : ils viennent nous parler, appellent Pôle emploi et des organismes d’aide sociale pour nous ».


Claudine, 72 ans, se déplace tous les jours depuis deux semaines « pour leur apporter de la nourriture et des vêtements ». Lors de notre entretien avec Rudi, Claudine a offert deux peluches au bébé, une paire de chaussures pour la mère. « La petite n’a pas de couches, je lui emmène du lait et des gâteaux. J’ai apporté des médicaments pour la mère qui a mal à la tête depuis hier ».


Claudine est « outrée » de voir ça : « Il leur faut un toit. Je n’aime pas voir la souffrance. Un monsieur et d’autres voisins se relaient pour les aider au maximum. Je n’admets pas qu’on laisse les gens dans la rue comme ça. Je n’ai pas de place chez moi, mon logement est trop petit pour les accueillir, sinon je l’aurais fait ».


Les appels à l’aide de cette voisine n’auraient pas été fructueux : « J’ai contacté des associations, on m’a répondu qu’ils n’étaient pas des réfugiés politiques, donc qu’ils ne pouvaient pas s’en occuper. Au 115, ils nous ont répondu que «parce qu’il y a un enfant, on ne prend pas». Je ne peux même pas les emmener voir une assistante sociale parce que je suis malvoyante et je ne peux donc pas conduire ».


La voisine estime que « ces gens sont en règle, on doit les accueillir. Et personne ne bouge. Par solidarité européenne, on doit pouvoir les accueillir, d’autant que monsieur travaille ».

En effet, sans doute grâce aux appels de Claudine à Pôle emploi, Rudi a décroché un CDD de 5 mois, à partir de lundi, dans le domaine du BTP. Il aimerait « expliquer sa situation » au maire. « Je veux juste un lieu pour vivre. Je voudrais devenir Français, et ramener mes deux autres enfants en France une fois que j’aurai un toit. Je veux qu’ils aillent à l’école dans ce pays. Je suis inquiet pour mon bébé ».


Article publié dans l'Union, en print et web.

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